Choisir une définition :
C’est quoi “être en bonne santé” ? Quels critères faut-il choisir pour la définir ?
Autrefois on disait que c’était le “silence des organes”. Si on ne ressentait rien, tout allait bien. Or, plusieurs maladies ne donnent pas de signes pendant des années.
Une autre réponse vient le plus souvent en négatif. La santé est l’absence de maladie.
Pour l’OMS ça ne suffit pas, il faut de plus “un état de complet bien-être physique, mental et social” … Ça ressemble au paradis. Avez vous la recette ? Une définition qui fait intervenir nos sensations c’est intéressant.
Dans cette lettre nous proposons une définition différente qui prend la forme d’un cheminement :
Comprendre d’où l’on vient pour se mettre en phase avec le fonctionnement optimal pour l’espèce.
Une épidémie visible :
Un changement bien visible s’est opéré sur les corps en quelques décennies. Si on compare les images d’époque à ce que l’on voit de nos jours, c’est bouleversant. J’ai marché sur une plage bondée au Portugal et j’ai croisé un seul homme d’âge moyen qui n’était pas en surpoids.
Les corps en Amérique dans les années 60.
La prise de poids n’est que le signe le plus visible d’une épidémie récente.
Celle des maladies non transmissibles ou chroniques, ou de civilisation ou du mode de vie occidental, du syndrome métabolique, du syndrome X. Quand on n’arrive pas à se mettre d’accord sur le nom ça promet pour la suite. “Mal nommer les choses c’est rajouter du malheur au monde” pour paraphraser Camus.
Quelles sont les autres maladies moins visibles ?
Le diabète de type 2,
l’hypertension et
les dyslipidémies…
Si on prend uniquement ces 4 là, quelle est l’ampleur de l’épidémie ?
Joana Araujo a cherché dans la population américaine adulte ( base de données NHANES 2009-2016 ) qui n’avait aucun des critères ci-dessous :
Tour de taille élevé (homme 102 cm et plus, femme 88 cm et plus)
Glycémie à jeun anormale : 1g/L et plus et HBA1c supérieure à 5,7 %
Traitement anti-diabétique
Tension artérielle élevée ( Systolique 120 et plus et diastolique 80 et plus ).
Traitement contre l’hypertension
Triglycérides supérieur à 1,5 g/L
HDL inférieur à 1 pour les hommes ou 1,3 pour les femmes
Traitement pour les anomalies des graisses dans le sang
La réponse est moins de 12% . Une population avec 88 % d’adultes malades … et cela s’est probablement aggravé depuis 10 ans.
Faut-il accepter un relâchement dans les critères ? C’est normal d’avoir un de ces signes ? Se situer dans une norme c’est comparer une mesure à la distribution observée dans une population, donc oui, malade c’est devenu la nouvelle norme.
Des humains “normaux” dans le film Wall-e.
Une question gênante :
Qu’est-ce qui a donc bien pu provoquer cela ?
Se poser la question c’est commencer à y répondre, comme disait Jung : - "Nous ne pouvons changer ce que nous ne reconnaissons pas." Cette épidémie n’est pas reconnue à sa juste valeur. Elle a été banalisée et est devenue “normale”.
La question est rarement posée car elle embarrasse le corps médical et les chercheurs. Quand elle est posée, elle déclenche des digressions sans fin sur les rôles de facteurs environnementaux, du microbiote, de la génétique, de l’épigénétique, du manque d’activité physique, des calories en trop, des polluants, du stress, du vieillissement, etc.
On fait l’impasse sur ce qui a changé trop vite dans nos assiettes, dans les sucres, les graisses et les protéines que nous mangeons. Mais aussi dans les processus de fabrication.
Pourquoi l’alimentation est-elle souvent négligée ? Parce que l’on ne sait pas quoi conseiller . Les études nécessaires n’ont jamais été faites car trop chères et contraignantes. Il n’y a pas de science solide en nutrition et nos conseils sont basés sur des croyances, comme pour les religions, voici des exemples :
Mangez de tout un peu, avec modération…
Mangez les couleurs de l’arc en ciel…
Mangez 5 fruits et légumes par jour…
Mangez selon la pyramide alimentaire…
Evitez les viandes rouges et les graisses saturées…
Les médecins ont bien vu que ça ne marchait pas de donner ces conseils aux patients, et ont décidé d’arrêter d’en parler faute de mieux.
Chers croyants, je vous le dis, on peut faire mieux ! D’autres croyances plus performantes sont disponibles pour toutes les obédiences. 😉
Un choix à faire :
Quand on décide de changer nos habitudes il y a des priorités à définir.
Le principe de Pareto ( 80% des effets sont produits par 20% des causes ) nous aide à faire ce choix. Par observation et expérimentation j’ai déduit que l’alimentation c’était la première chose à changer, avant tout le reste.
Pourquoi ce changement modeste ( ce que l’on choisit pour se nourrir ) a un impact si démesuré ?
Parce que cette nouvelle alimentation va favoriser des mécanismes qui sont à la racines de cette épidémie :
1. Glycation 2. Stress oxydatif 3. Dysfonctionnement mitochondrial 4. Résistance à l’insuline 5. Instabilité membranaire 6. Inflammation 7. Methylation 8 Autophagie.
Je conseille le travail de Robert Lustig si vous êtes gourmand de physiologie.
Les autres 20 % ? Ce sont le sommeil, la sexualité, le soleil, l’activité physique, les interactions sociales, la spiritualité, la posture, la respiration, la marche (ne pas rester assis toute la journée) …
Une question difficile demande parfois une réponse simple.
- “Prenez ces cachets pour le restant de vos jours et tout ira bien” n’aide pas à trouver les causes.
Peut-être qu’on mérite mieux.
On mérite de prendre conscience de l’ampleur sans précédent de cette menace.
On mérite de questionner les dogmes de la nutrition à papa et d’essayer d’autres idées plus performantes.
On mérite une conversation sur les origines de cette épidémie récente pour bénéficier d’une santé optimale en étant plus en phase avec le fonctionnement de notre organisme.
On ne peut compter sur la science molle de la nutrition épidémiologique. Il nous reste cependant les données de l’anthropologie, de l’archéologie, de la phylogénie et de l’étude des écosystèmes dans lesquels notre espèce a évolué. C’est bien plus robuste.
3 remarques pour finir :
Il existe une spirale positive qui fait que, quand l’alimentation est modifiée, le reste s’améliore souvent : on dort mieux, on a plus de désir, on sort d’avantage, on a plus d’énergie, on a plus d’interactions sociales …
“On ne peut courir longtemps d’un mauvais régime”. C’est un mauvais pari, à long terme, que de tenter de compenser ses mauvais choix alimentaires par une charge d’activité physique soutenue. C’est bien plus probable de réussir à corriger son alimentation que de courir 3 h par jour. Malheureusement c’est une voie parfois choisie qui mène à une impasse avec un retour de bâton brutal à l’arrêt de cette activité soutenue.
Certains pionniers se sont intéressés au mode de vie de nos ancêtres. Ils ont été tentés par un retour aux sources. Comment bougeaient-ils? Leur réponse a conduit à une nouvelle forme d’exercice que l’on nomma le Cross-fit. Leur nourriture supposée a donné naissance à l’alimentation Paléo…
Ressources :
Robert Lustig s’est fait connaitre du grand public grâce à sa vidéo “Sucre, une vérité Amère” (sous titre en français) avec 24 millions de vues en 14 ans. Il a depuis publié plusieurs livres dont celui-ci en français.
South Park se moque des recommandations alimentaires du département de l’agriculture, “La pyramide est à l’envers..” et sauve l’Amérique de l’épidémie.
Pour accompagner cette jolie photo de plage, Les Beach Boys vous envoient des bonnes vibrations.
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"Bonjour Docteur
Je tiens à vous souhaiter une excellente année 2024, pleine de succès et de réalisations. Je voulais également prendre un moment pour vous remercier sincèrement pour vos articles médicaux fascinants et instructifs. Votre contribution à la recherche et à la diffusion de connaissances est vraiment précieuse.
Bien à vous,
S.B
Bel article, toujours aussi agreable à lire et profond.