“En nutrition, nous pouvons toujours accuser le public de ne pas suivre nos conseils.” Gary Taubes
1) L’obésité est une forme de dénutrition :
Au Brésil des chercheurs ont été surpris par des mamans obèses qui accompagnaient des nourrissons faméliques pour leurs consultations post-natales. Ils ont bien compris que ces femmes ne volaient pas les calories à leurs enfants. Elles étaient en fait, autant dénutries qu’eux, mais d’une autre manière. Chez elles, l’alimentation pauvre en nutriments provoque une grande obésité, chez des enfants en pleine croissance une maigreur extrême.
On est obèse quand on a une certaine forme de dénutrition. Vos calories sont dirigées vers les voies de stockage et vous n’y avez plus accès. Votre gras est verrouillé et en plus il vous vole l’énergie des repas.
Picnic Fernando Botero • Peinture, 1982
2) L’obésité n’est pas la maladie, ce n’est qu’un symptôme :
La graisse stockée sous la peau ce n’est pas un problème mais une réponse à la question : On fait quoi de cette énergie qu’on n’utilise pas ? On en met, un peu de côté, pour plus tard.
Cette solution n’est pas trop mauvaise quand la graisse reste sous la peau. C’est notre mode de vie qui est le véritable problème car ce plus tard n’arrive jamais.
L’obésité n’est qu’un symptôme parmi d’autres de cette maladie de la gestion de l’énergie ( syndrome dys-métabolique ). Il y en a plein d’autres, avec toutes les associations imaginables ( obésité, hypertension, diabète de type 2, foie gras, apnée du sommeil, goutte, maladies cardio-vasculaires, dyslipidémies… ).
3) La cause de l’obésité n’est pas un déséquilibre de calories :
Voici deux images d’une salle.
Vous vous demandez pourquoi elle s’est remplie ? Je vous répondrai, pour plaisanter, que la salle s’est remplie car il y a eu plus de gens qui y sont entrés que de gens qui en sont sortis ( C’est vrai, mais ce n’est pas la cause ). Cette proposition qui est toujours vraie mais qui n’explique rien est une tautologie. La cause c’est qu’il y aura un spectacle.
Vous voyez où je veux en venir ?
La photo de Mike du Site dietdoctor.com est inversée pour les propos de ce billet
Voici Mike a deux moments de sa vie. Dans la première il a peu de gras, dans l’autre il en a plein. Vous vous demandez le pourquoi du changement ? Je vous répondrai, pour plaisanter, qu’il a consommé plus de calories qu’il en a dépensé. ( C’est vrai mais ce n’est pas la cause ). La cause arrive bientôt…
4) L’obésité est aggravée par notre prise en charge :
Les conseils donnés sont : “mangez moins, bougez plus”. Ce slogan, en plus d’être inutile, est nuisible car il invite à s’occuper des conséquences plutôt que des causes et met les gens en échec.
On n’est pas obèse par gourmandise ( mangeons trop ) et fainéantise ( bougeons pas assez ) mais le contraire. Notre énergie étant inaccessible, nous sommes fatigués et affamés à intervalles rapprochés. On mange donc plus, plus souvent et on bouge moins. Fatigue et hyperphagie sont des conséquences de l’obésité, et non des causes.
Le mythe du manque de volonté est injuste et cruel. Les stigmates sociétaux sont des motivateurs puissants sans parler de l’inconfort physique. Ces personnes ont tenté d’appliquer des conseil inadaptés depuis des années et finissent par perdre espoir.
Ce mythe pervers est bien utile car il permet de faire porter la faute aux victimes tout en dédouanant :
les soignants pour leurs mauvais conseils,
les autorités pour les politiques bancales,
les industriels pour la production d’une avalanche de “croquettes” obésiogènes.
Michelle Obama voulait lutter contre l’obésité infantile en modifiant l’alimentation dans les écoles ? C’est loupé, les lobbies l’ont aidée à transformer son idée en Let’s Move ( Bougeons-Nous ).
Depuis des décennies ils noient le débat avec des études sur commande qui empêchent de tirer les conclusions qui s’imposent. Les méta-analyses sont biaisées pour cacher leurs responsabilités.
Merci aux cabinets de communication pour cette campagne de désinformation. Grâce à vous tout le monde se renvoie la faute en incriminant d’autres conséquences :
perturbation du microbiote, de la synthèse des lipides, du fonctionnement des incrétines,
les troubles émotionnels et du comportement alimentaire,
le manque d’activité…
Vous avez retardé les discussions sur les causes alimentaires véritables et leurs conséquences hormonales. Bien joué !
En France, on envisage de rembourser l’activité physique. L’effet sera nul sur l’obésité car ce n’est qu’un accélérateur de la perte de poids une fois que les conditions hormonales ont été modifiées par l’alimentation.
5) L’obésité a un seul traitement adapté :
Quelle est donc cette cause ?
Avant de répondre, faisons un petit tour parmi les traitements proposés…
Un appétit dérégulé ? On pourrait donner un médicament qui diminue l’appétit de manière artificielle. Mais on reprend tout le poids dès l’arrêt du traitement, il coûte très cher et a des effets secondaires embêtant de type cancer du pancréas ( le prochain Médiator ? ) ;
Un estomac de grande taille ? Le chirurgien dira : - “Peu importe les causes, il faut agir en urgence, pour sauver ce patient”. La chirurgie empêche de manger des portions normales ou crée une malabsorption, ou les deux. Malgré cela on risque de reprendre du poids au bout de quelques années… Ça ne doit pas être la cause.
Et les hormones ? Comme la cloche qui sonne avant le spectacle, les hormones informent où doivent aller les calories. Mais ce n’est pas la cause, la cloche sonne pour une raison. La cloche n’est pas le spectacle.
On devrait chercher ce qui explique l’obésité, sans se contenter de décrire ses effets en cascade. Quel est donc ce facteur causal qui va perturber les hormones et tout envoyer vers les voies de stockage ?
Vous êtes prêts ?
💡 L’obésité est provoquée par une alimentation pauvre en nutriments et riche en glucides et graisses transformées, qui fait monter l’insuline et oriente fortement le métabolisme vers les voies de stockage, chez des personnes génétiquement et épigénétiquement susceptibles. On appelle cela les calories VIDES. Si vous êtes obèse c’est que vous êtes sensible à ce changement. Pain le matin, riz le midi, pâtes le soir sont suffisants pour provoquer l'obésité...
La seule façon humaine et responsable de traiter l’obésité est connue, c’est le traitement de sa cause. Il ne faut pas essayer de traiter uniquement ses conséquences.
On mérite mieux !
On mérite de connaitre la liste de conseils inadaptés pour bruler du gras durablement chez les personnes obèses:
Manger moins,
Manger plein de fruit et légumes,
Manger en pleine conscience,
Manger des céréales complètes,
Peser les assiettes,
Bouger plus,
Faire des régimes…
On mérite aussi de comprendre certaines subtilités :
L’utilisation des réserves de graisses n’est possible que dans un environnement hormonal favorable ( insuline faible ).
Pour brûler la graisse accumulée, il ne suffit pas d’arrêter les “croquettes”. Il faut en plus couper très fort les autres sources riches en glucides, même celles non transformées, pendant longtemps. Ça fait baisser l’insuline et c’est ce stress qui force votre corps à consommer vos réserves. Vérifiez toujours avec votre médecin que votre traitement actuel ne va pas provoquer des hypoglycémies…
Je n’ai pas dit que c’était facile. J’ai dit que c’était la cause, et voici le traitement :
💡 Le traitement est un changement de carburant
Ça paraît banal mais on n’arrive pas à se mettre d’accord sur des choses aussi simples. Je propose une tautologie plus utile : - ”Pour brûler son gras, il doit utiliser ses lipides comme source d’énergie”.
On mérite d’avoir tous du courage de résister aux explications faciles et fausses.
On mérite tous de ré-évaluer nos croyances.
On mérite de ne pas céder aux Sirènes tautologiques et donner des conseils plus performants aux patients qui méritent bien mieux !
Ressources :
Merci à Gary Taubes qui a écrit Pourquoi on grossit, pour avoir mis toutes ces idées saugrenues dans ma tête.
Merci à Luc Chevallier pour L’Atelier d’écriture qui donne une vision de ce qui a changé à la Réunion avec des personnages touchants.
Pour finir en beauté la voix envoûtante de Teddy qui en veut toujours plus.
Très intéressant aussi de revenir à la lecture des billets antérieurs après l'édition de plusieurs suivants.
Merci Docteur pour cet article très intéressant ! Je viens de lire l'extrait du livre de Luc Chevallier en cliquant sur le lien et je vais m'empresser de le commander !
(Et merci aussi pour cette prise de conscience lorsque je suis venue vous voir au cabinet il y z quasiment un an jour pour jour...)